Libé ouvre ses portes

sens.visite.libe.JPGUn journal qui prouve encore une fois qu'il veut être proche de son lecteur en lui dévoilant en toute confiance les bureaux de ceux qui écrivent pour eux. Une journée dont il ne fallait manquer aucun instant car cette occasion là, ne se renouvellera certainement pas... A l'accueil, des affichettes annoncent le programme, plusieurs choix sont possibles : une visite guidée du journal qui débute au 4ème étage, un débat sur l'avenir de la presse un autre sur le journal Libération et les gauches. La visite guidée m'intéresse, j'attends mon tour pour pouvoir prendre l'ascenseur. Les gens sont venus nombreux et le hall d'accueil ne se désemplit pas. Arrivée au 4ème étage deux salariés du journal nous accueillent, l’archiviste qui connaît Libération comme sa poche et Philippe Brochen, journaliste pour le journal depuis 1992. Les visites ont lieu toutes les heures, il est pile l'heure, j'arrive donc au bon moment.

Un journal en crise depuis le début mais qui résiste

non.bouclage.20h.JPGA tour de rôle, ils nous présentent «leur» journal. En résumé, Libération fût créé en 1973, à l'époque 60 personnes travaillaient pour le journal. Dans les années 80, les effectifs augmentent, passant à 120 salariés. En 1987, Libération s'installe rue Béranger à Paris, les actionnaires sont à cette date les propriétaires de l'immeuble mais pas encore actionnaires du journal. Mais la crise que connait Libération aujourd'hui n'est pas un scoop. En effet, le journal a toujours dû faire face à des difficultés financières et même quand Edouard de Rotschild arrive en 2005 en tant qu'actionnaire, ses 17 millions d'euros investit servent à éponger la dette du journal. En 2006 c'est une grosse crise, Libération met en place deux plans sociaux, de 360 salariés il passe à 200 (aujourd'hui 250 salariés). Philippe Brochen a été témoin de ces dfficultés «quand je suis arrivé en 1992, Libé connaissait déjà des difficultés et depuis que j'y suis cela n'a pas changé» et ajoute «depuis les élections présidentielles en 2012, il n'y a plus d'actu, ça chute pour Libé». Le seul moment le plus glorieux pour le journal est l'année 2011. Une très bonne année, la seule peut-être.

Ce n'est donc pas nouveau pour Libé, le journal sait ce que c'est d'être en difficulté et à chaque fois, il s'est relevé tout en menant de front le combat. La crise d'aujourd'hui semble pourtant ne pas ressembler aux autres. Est-ce la dernière? Est-ce l'une des crises, celle dont on n'en réchappe pas ? Est-ce tout simplement un réel tournant pour le journal ?

Une atmosphère pesante teintée d'espoir...

lecteur.libe.JPGCette volonté de ne pas baisser les bras s'est bien faite ressentir au sein des locaux. A chaque étage j'aperçois des affiches avec écrit dessus «Nous sommes un journal»,«Non au bouclage à 20h», un communiqué du comité du CE datant du 13 mars 2014, un courrier adressé à François Moulias rédigé par Robert Maggiori du service «Livre»... Enfin, au dernier étage, le plus beau peut être, avec sa grande terrasse offrant une vue panoramique sur Paris, je croise un visiteur qui mène seul le combat. Il note ceci sur l'affiche des inscriptions des visites «Libé vivra», message d'espoir en ce jour où tout le monde y croit encore... Quand à moi, j'aurais rajoutée «ce n'est pas des conneries cette crise». Le débat continue plus bas, une fois mon portrait pris par l'un des talentueux photographes de Libé, je descends un étage où se déroule une discussion entre les visiteurs et la rédactrice en chef adjointe du journal, Alexandra Schwartzbrod. J'arrive sur ses paroles «même si au quotidien c'est dur comme si on avait une épée de Damoclès au-dessus de notre tête, l'envie et l'enthousiasme sont toujours là». L'espoir de retrouver des lecteurs réguliers, d'augmenter le nombre d'abonnés persiste toujours car au fond, sans lecteurs pas de journal. Un espoir avec le web ?

Libération un journal pas comme les autres

livre.ecrire.avenir.libe.JPGLe journal Libération est un quotidien qui a toujours su se démarquer, d'une part en publiant parfois ses informations plus tard dans le temps, pour ne pas faire pareil que ses compères et d'autres part avec sa titraille exceptionnelle dont les titres chocs sont encore spécifiquement rédigés par un groupe dédié, les éditeurs (ou secrétaires de rédaction). Les bons ingrédients il les ont : des locaux installés dans un ancien parking à l'architecture originale visités par de nombreux architectes (pas de véritables étages, demis étages, en forme de colimaçon). Cette forme de bâtiment faciliterait l'échange avec les salariés. Des journalistes très réactifs face à l'actualité, tout ce qu'il faut pour être un bon rédacteur web. D'ailleurs, même si le journal ne sait toujours pas quel est le moyen utiliser pour sortir de cette crise, celle du web pourrait être l'outil idéal. Le comble du comble, c'est que Libé a été le premier journal en France à publier sur la toile ses articles mais n'a malheureusement pas suivi le bon chemin marketing digital ! Et puis pour «faire un journal de qualité il faut de bons journalistes» selon Philippe Brochen et ajoute «Oui mais quand on diminue les effectifs, les meilleures ne restent pas»...

Et voilà qu'arrive le moment de quitter les lieux, il est 18 heures, déjà, je me dirige vers la sortie des bureaux et une dame tente pour la troisième fois de parler à la rédactrice en chef. Elle lui témoigne son soutien et lui fait les éloges d'une lecture, «le rêve de Madoff»... Personnage célèbre pour sa richesse conquise facilement, il fût jugé coupable avec la crise des subprimes. Vainqueur ou victime... L'auteur raconte finalement dans ce livre la vie d'aventurier que Madoff aurait voulu avoir.

A Libé maintenant de tourner la page et de raconter sa nouvelle histoire...

Quelques clichés pris lors de la visite :

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